mardi, janvier 16, 2007

Petite philosophie du kitsch



Le kitsch ? c’est la station de correspondance entre l’être et l’oubli.
Kundera



L’essence du kitsch réside dans le concept de similicuir. Les états-uniens toujours moins subtils disent Fake. Enfin, mais le fake n’englobe pas tout le kitsch. Bien qu’il y ait du fake dans le kitsch. Imaginons qu’un beau jour la mode décide d’imposer, au lieu des marques renommées, leurs imitations. Le nec-plus-ultra du raffinement consisterait à débarquer dans les lieux in de la ville dans un survêt imitation Adidas, bien plouc à une autre époque. Mais à bien y penser finalement tout aussi laid que l’original. Le kitsch c’est donc l’équivalence des extrêmes. C’est faire tabula rasa de nos goûts, de nos subjectivités. C’est relativiser tout ce qui est proprement humain et l’élever au rang d’artefact. Le réhabiliter ; en fin de compte, le seul génie de l’être humain n’est pas d’avoir inventé le goût mais d’avoir seulement inventé. Artefact : création artificielle. Voilà donc l’essence de l’art que célèbre à sa manière le kitsch. Les poètes décadents introduisirent une esthétique de la déchéance, de l’effroi, les parnassiens, le registre précieux et le culte du Beau, les symbolistes, l’exotisme et la musicalité. Seul point commun possible : l’artefact. Le kitsch est donc essentiellement artistique, l’essence de l’art même, en ce sens qu’il procède toujours de l’écart entre un classicisme et une avant-garde. Le kitsch, parce qu’il est de mauvais goût, surprend toujours. Cette surprise est la mesure de la création. En science l’artefact désigne une erreur humaine ou un effet indésirable, tandis qu’en art, l’artefact est un absolu, une fin en soi. Artefact regroupe sans distinction , œuvres d’art, artisanat, industrie. Tout comme l’histoire de l’art s’intéresse sans discrimination à un vase antique ou une peinture rupestre, un monument architectural funéraire ou un texte, où tout devient art.

2 commentaires:

Couscous Poulette a dit…

Symboliser le kitch par du Warhol ? C’est un point de vue. :)
Le temple du kitch en local : un salon beldi avec une tonne de zelliges sur les murs et des fleurs séchées dans un vase chinois. Peut-être que la surcharge est le kitch suprême dans un environnement qui tend vers l’épuré ?
Mais il est difficile de « juger » une chose aussi intangible que le beau !
Sinon, j’ai également beaucoup aimé ton poème Vodka tonique, entre autres.

Brilliant Brain a dit…

Wé bon t'as raison je suis pas un expert dans l'art contemporain. C'était juste une intuition. Mais à bien y penser, si j'ai bien compris ce qu'est le kitsch, je trouve Warhol tout à fait kitsch. Je l'ai réalisé un jour losrque j'ai vu chez un ami quelques boîtes de Campbell Soup érigées comme objets décoratifs sur des étagères. J'ai trouvé cela complétement "kitsch" mais il m'a répondu: "non Warhol l'a fait et c'est de l'art, alors moi aussi. Restons sur Warhol justement, il me semble que ses "oeuvres" sont toujours sujettes à débats, et personnellement je trouve qu'il n'y a de "Pop" que les matériaux dont il se sert; sa démarche quand à elle me semble tout à fait bourgeoise, par son audace et son principe exploitant. Sinon, c'est un art que personne ne comprend sinon les intellos, et les amateurs de curiosités. Qu'est-ce que le "Pop-art" avait de populaire? Pour moi, cela reste essentiellement Kitsch. Mais j'en conçois l'interêt historique. Cela correspond à l'ère de l'urbanisation et de l'industrialisation, de l'enregistrement et de la duplication. Mais je dois reconnaître qu'on associe rarement Warhol à ce style. Merci pour la rectification et le compliment. :) Je te lis régulièrement maintenant.