vendredi, mars 23, 2007

Internet, culture de masse, mondialisation : trois paradoxes



Le Progrès-recul


Une nouvelle valeur est mondialement partagée : l’authenticité. Or, ce retour éloigne les communautés.
Paradoxalement, alors qu’Internet ouvre une voie vers l’Autre, il instaure aussi le culte du nombrilisme et le repli identitaire. Le sectarisme et l’esprit obtus. Dans les années 1990, nous avons assisté à la naissance d’Internet et de son utopie. Celle du savoir libre, gratuit, disponible instantanément et partout. En même temps cette découverte de l’Autre à grande échelle occasionne une interrogation sur soi ; et par conséquent, une redécouverte de soi ; puis un retrait. Les régionalismes foisonnent, les séparatismes se déclarent des guerres intestines qui font rage. De nouvelles rivalités à la mesure du pouvoir de diffusion du nouveau média apparaissent : celles de la culture, celles des langues. Peu avant les années 2000, les journaux cessent d’être gratuits —sinon un faible contenu— et rares sont les documents fiables, de bonne qualité mis en ligne gracieusement. Internet devient comme la rue où l’on trouve de tout —licite, illicite, bénéfique, perfide— mais où presque rien n’est gratuit.

Effets d’une mondialisation ordonnée par la déréglementation, une ancienne valeur émerge : l’authenticité. Le monde ne cherche plus à changer mais à redevenir ce qu’il a été et qui semble perdu. Loin des baroquismes contemporains, des mélanges, des cultures hybrides numériques/analogiques, des melting-pots, tant espérés après la Seconde Guerre Mondiale, l’avenir se cherche et se réinvente un passé fictif, fantasmatique à souhait mais source de pureté imaginaire et mobilisatrice. Sortes de consensus culturels massificateurs et idéalistes. Qui les plantes, qui la langue, qui l’histoire… l’histoireune histoire.

Comme s’il n’y en avait qu’une. Comme si elle était vraie. Comme s’ils y étaient. Non pas eux! Leur imaginaire oui! Mais ils y sont, mentalement…

Les histoires ne sont que des histoires pour ma part. Anyway!

Déréglementation : multiplicité de conflits d’enjeux variés menés sur plusieurs fronts, que résume si bien la maxime populaire : « Chacun son trip ».


Accélération de l’Histoire


L’histoire s’accélère et le compte à rebours semble enclenché. L’histoire s’accélère, c’est un dogme. Certains y croient, et je crois que j’y crois. Le compte à rebours de la planète est une donnée scientifique ; le soleil va mourir et nous le savons dit Edgar Morin. Curieuse coïncidence de l’histoire de l’humanité que le problème de surpopulation de la Terre survienne au même moment que de nouvelles perspectives de peuplement de l’espace.

Ce compte à rebours, nous l’aurions déclenché, par le progrès technique et la société de consommation. Pire que cela, nous l’aurions amorcé. L’histoire s’accélère car nous progressons et nos progrès nous font progresser plus et toujours plus vite. Nous sommes dans une phase de croissance exponentielle. Au niveaux des sciences et technologies, mais également au niveau démographique. L’avenir nous dira s’il en sera de même pour notre espérance de vie. Mais certains éléments portent à le croire. La victoire contre certaines maladies voraces telle la rage et les infections bactériologiques. Les antibiotiques, véritable révolution médicinale, sauveront des millions de vie.
Et les grandes guerres tueront plus que jamais. Plus que jamais le droit et la démocratie seront mondialisés. Et les explorations vont croissant. Après la Terre, sans transition, commence l’exploration de l’espace. Mais voilà. L’espace s’élargit à mesure que notre connaissance grandit. L’échéance de notre planète accourt alors même que nous améliorons nos connaissances scientifiques et technologiques ; ces éléments étant liés par causalité. Le savoir relatif individuel qui a crû pendant des siècles connaît une cruelle décroissance. Aucun scientifique, dit le paléoanthropologue Yves Coppens (interview à L’express), ne peut s'informer de toute les sciences et découvertes de son époque aujourd’hui, chose qui était faisable au début du 20e siècle. Selon lui, en lisant quelques parutions on pouvait avoir une idée générale de notre épistèmê. En même temps, surgissent des superstructures intelligentes telles les réseaux d’ordinateurs de calcul, les recherches collectives, et l’industrie multinationale. Choses impensables avant l’ère du numérique et des télécommunications.


Convergence des extrêmes


La révolution numérique transforme notre mode de vie, notre emploi du temps, notre occupation de l’espace, nos schémas mentaux, nos connaissances. Nous pouvons archiver presque infiniment et plus nous développons notre capacité de stockage plus l’espace requis à cet effet tend à diminuer. C’est à se demander si un jour on pourra archiver tout le corpus culturel et historique de l’humanité dans un grain de riz. Bien que la simplicité de l’encodage binaire soit plus complexe que la graphie traditionnelle. Une lettre binaire par exemple nécessite un octet numérique, l’image et la couleur sont encore plus volumineuses. Et bien que la courbe n’existe pas en infographie, la puissance des ordinateurs actuels permets d’en créer l’illusion. Il n'existe que des points reliés par des lignes droites. C’est ce point là précisément qui me fascine dans l’informatique. Cette convergence de l’infiniment long, lent qui bascule subitement vers l’infiniment vite et reproductible. Cela est manifeste dans les jeux vidéos, dont on sait qu’ils sont extrêmement long à développer, mais sitôt fait, peuvent être modifiés infiniment et dans un temps comparativement très restreint.

Simple exemple : un petit hacker peut s’amuser vainement à briser les codes de sécurité d’une base de donnée importante (ex. FMI, Banque Mondiale, Armée US) durant des décennies, et d’une seconde à l’autre peut y parvenir, et causer monstre dégâts planétaires.

Cette nouvelle dynamique de la convergence des extrêmes est une brutale transformation. Un schéma qui ne pouvait pas exister avant l’ère numérique. Évidemment certains progrès techniques et scientifiques relativement récents ont permis des accélérations assez promptes, mais jamais à ce point subites. Je pense au pétrole par exemple. En revanche, ce qu’à permis l’informatique contrairement à toute autre invention précédente, c’est de multiplier l’intelligence humaine et sa capacité de recherche, et malgré tout de diffuser à grande échelle un grand nombre de connaissances et d'informations, sans compter son potentiel communicationnel.

L’Ouroboros, ou serpent se mordant la queue, a longtemps été symbole de la continuité de la vie, du cycle mort-vie. Mais voilà pour faire une image facile, il semble manger plus vite qu’auparavant, sans avoir le temps de se régénérer, au point de s’autodétruire.

Évidemment cette vision un peu sombre ne plaira pas à tous, mais les problèmes environnementaux ne font plus de doute comme dans les années 1990. Et les solutions même les plus radicales ne résoudraient rien aux problèmes qui nous attendent au courant du siècle 2000. Et pour finir sur une note optimiste pensez à acheter un petit lot sur Mars pour vos arrière-petits-enfants, mieux vaut être prévoyant, et puis sait-on jamais, l’Ouroboros aura peut-être une évolution différente de celle qui est prévue. La possibilité de vie sur Mars n'est pas une élucubration théorique, ni une vue de l'esprit, mais bien une perspective certes théorie, mais potentielle.


1 commentaire:

Brilliant Brain a dit…

Fallait bien que quelqu'un le fasse, alors pourquoi pas moi.
T'aurais au moins pu nous dire un peu le prix d'un bout de terrain sur Mars au lieu de parler pour rien...

Brain..