mercredi, novembre 29, 2006

Le musicien de rue



Tous les témoignages venant d’artistes de métro le révèlent: au tout début, le regard, se porte vers le haut et le vide, comme pour invoquer la bienveillance d’une muse ou celle d’Ihy, dieu de la musique. Les sociologues appellent cela l’enfance de l’art. Au premier vol de pécule, le regard se porte tout de go vers le bas, la pochette de l’instrument, ou le pot — réceptacle de la quête — pour ne plus le quitter. C’est alors qu’il scrute vainement l’approche de la personne — contact dans le jargon — qui va tout changer. Le visage se fait tout sourire et flatterie, sollicite dès lors l’approbation prometteuse d’un producteur inconnu, pour ne plus faire que cela. Les puristes l’appellent la corruption de l’âme, les ecclésiastiques, la vente de l’âme au diable, et les musiciens disent: la galère! La bohème! disait Aznavour.
De cette quête de reconnaissance, cette quête de somme, jaillissent les traits de l’identité future du musicien de rue. Car, en fin de compte le musicien n’y croit plus. Si son regard se porte encore vers le haut c’est pour éviter la chute incongrue d’une araignée de métro sur sa coiffe, provoquant ainsi la fuite des donatrices effarées et la famine d’un soir.

1 commentaire:

Hasnaa a dit…

``Le visage se fait tout sourire et flatterie``

``Car, en fin de compte le musicien n’y croit plus.`` N'est ce pas du désespoir que naissent les plus belles oeuvres d'art ?

Je reconnais bien ta répulsion pour le commercial, continue à nous régaler de ton art :)